La Tunisie est la deuxième destination mondiale pour la thalassothérapie après la France. Comment s’est-elle hissée à cette place ? La réponse réside dans la mise en œuvre d’ISO 17680, qui lui a permis de bâtir un secteur touristique prospère et de dynamiser son économie.
De grands espoirs pour le tourisme médical
Le tourisme médical connaît une croissance saine : rien que l’an dernier, près de 250 000 patients ont voyagé à l’étranger pour un traitement ou une intervention. Des soins dentaires à la chirurgie esthétique en passant par les procédures d’urgence vitales, ISO 22525 s’annonce comme un grand espoir pour ce secteur.
De la rhinoplastie à la chirurgie du genou, le marché du tourisme médical à l’échelle mondiale est en plein essor depuis plusieurs années. Sa taille a été évaluée à USD 44,8 milliards en 2019. Si la pandémie de COVID-19 aura inévitablement des répercussions sur la part de ce marché, les analystes du secteur prévoient néanmoins une bonne croissance à long terme.
Pourquoi cette croissance soudaine ? D’après le manuel Patients Beyond Borders sur le tourisme médical, ce marché se développe rapidement parce que la population vieillit et que les patients recherchent des traitements médicaux qui sont moins onéreux, pour lesquels les temps d’attente sont plus courts et qui offrent plus de choix quant à la date et au lieu des soins.
Pour se faire soigner à l’étranger, inutile de consulter une agence de voyages ou de prendre contact avec un médecin local. Le patient potentiel trouvera directement en ligne les hôpitaux privés, les chirurgiens, les médecins, les traitements et les protocoles de convalescence dont il a besoin. Mesurant pleinement les risques d’une telle démarche, l’ISO entend s’assurer que des Normes internationales seront élaborées en ce qui concerne les bonnes pratiques en matière d’actes médicaux, la gestion des risques cliniques, et la sécurité et l’amélioration de l’état de santé des patients.
Le comité technique ISO/TC 228 sur le tourisme et les services connexes prépare actuellement une nouvelle norme sur les exigences de services du tourisme médical, ISO 22525, Tourisme et services connexes – Tourisme médical – Exigences de services.
Monica Figuerola Martín
Animatrice du groupe de travail WG 2, Services pour le tourisme de santé, de l'ISO/TC 228.
Comment avez-vous été amenée à participer aux activités du comité technique de l’ISO sur le tourisme et les services connexes ?
En tant que Responsable du développement des activités internationales du groupe hospitalier Quirónsalud en Espagne, Directrice générale de Spaincares (association espagnole du tourisme médical) pendant deux ans et titulaire d’un doctorat en tourisme, je m’intéressais déjà beaucoup aux travaux de l’ISO sur le tourisme médical.
L’organisme national de normalisation espagnol (UNE) a proposé que je prenne part aux travaux du comité compte tenu de mes compétences et de mon expertise et, plus généralement, de mon expérience du secteur du tourisme international et de mon intérêt pour ce domaine.
Avant toute chose, il nous fallait expliciter la différence entre un « touriste médical » et un « touriste » ordinaire.
Si, pendant son voyage, le touriste ordinaire peut avoir besoin de soins médicaux, en cas dʼurgence par exemple, le touriste médical, lui, a déjà prévu de se faire soigner dans un autre pays et préparé son voyage, son hébergement, son intervention chirurgicale et sa convalescence.
Le marché du tourisme médical compte déjà beaucoup d’acteurs, et leur nombre ne cesse de progresser. Certains de ces établissements, parfois petits et peu connus, reçoivent des patients du monde entier. On est donc en droit de se demander s’ils ont les installations, la réputation et l’expertise médicale requises et s’ils sont suffisamment transparents dans la présentation de leurs résultats thérapeutiques. Tous les prestataires de services de santé doivent non seulement respecter les bonnes pratiques et viser l’excellence en matière de soins, mais aussi entretenir la confiance et offrir des garanties quant à l’assurance de la qualité en communiquant leurs résultats.
Nous devons aussi imposer des restrictions aux prestataires qui ne suivent pas nos lignes directrices pour que, partout dans le monde, les patients soient moins exposés au risque et reçoivent les meilleurs soins. C’est la seule façon d’assurer la qualité du vécu du patient et de permettre au secteur du tourisme médical d’accueillir un nombre croissant de personnes, d’améliorer ses résultats et de donner satisfaction, tant sur le plan financier que sur celui de la santé.
Quels seront les aspects du tourisme médical couverts par ISO 22525 ?
Notre groupe de travail ISO se consacre essentiellement à la chaîne du vécu du patient, de bout en bout. Notre norme traite de quatre grandes questions : l’organisation qui précède le voyage et le traitement, le processus de traitement lui-même (chirurgical ou non), le processus postérieur au traitement et la convalescence, et enfin les stratégies de suivi notamment médical lorsque le patient rentre chez lui.
En respectant cette norme ISO, les centres de santé et autres acteurs médicaux du secteur du tourisme médical auront atteint le niveau de référence requis pour dispenser des soins de qualité et assurer la sécurité des patients. De plus en plus de patients souhaitent se faire soigner à l’étranger, et bon nombre de pays prennent conscience du potentiel financier qu’offre le tourisme médical et de la manne qu’il représente. Mais de nombreux patients ne savent pas précisément ce que sont les Normes internationales ni même si le prestataire qu’ils ont choisi respecte ces normes. Cela est particulièrement inquiétant. Ils ont certes la possibilité de consulter des enquêtes ou les commentaires d’autres patients pour se faire une idée des résultats obtenus et du niveau de « satisfaction », mais seuls les travaux de l’ISO et de ses organisations partenaires peuvent fournir des mesures de qualité et des garanties. En fait, ces normes pourraient même sauver des vies !
Quelles tendances se dessinent aujourd’hui chez les personnes qui se rendent à l’étranger pour être soignées ou opérées ?
Ces personnes cherchent à bénéficier d’un traitement ou d’une opération chirurgicale qu’elles ne peuvent pas trouver dans leur pays de résidence en raison de la rareté de leur maladie et de l’expertise médicale nécessaire pour la traiter, des frais médicaux, de l’absence de couverture par l’assurance maladie ou des listes d’attente excessivement longues.
Les actes les plus courants pratiqués dans le cadre du tourisme médical sont la chirurgie esthétique, la dentisterie, la chirurgie cardiovasculaire, l’orthopédie (articulations et colonne vertébrale), le traitement des cancers (parfois expérimental ou de dernier recours), la procréation médicalement assistée, notamment par fécondation in vitro, et la chirurgie de bypass gastrique à des fins de perte pondérale. Bon nombre de personnes voyagent aussi pour passer divers types d’examens, de dépistage et de tests ou pour obtenir un deuxième avis.
On commence également à voir des demandes de soins de type spa ou bien-être, le tourisme étant aussi en progression dans ces domaines. La tendance n’est plus au médical, mais au thérapeutique, car certains recherchent des moyens moins invasifs de vivre en meilleure santé.
Selon vous, comment va évoluer le voyage médical ?
Il va de soi qu’en cette période de pandémie de COVID-19, la planification d’un voyage médical tient de la gageure. Cela dit, je suis convaincue que les paramètres les plus importants resteront le choix de l’établissement de santé et la disposition des patients à se rendre à l’étranger pour obtenir les meilleurs soins qui soient.
Dans les prochains mois, les patients et les professionnels de la santé seront mieux informés sur les mesures de prévention et de protection contre le coronavirus. Nous continuerons de solliciter les conseils de l’Organisation mondiale de la Santé sur la manière de gérer la pandémie, et lorsque les établissements proposeront une qualité de soins conforme aux normes ISO, les patients pourront choisir en toute confiance le centre médical qui leur convient, en fonction de l’expertise et des qualifications du médecin, du coût du traitement et des commentaires ou des évaluations des autres patients. Il est intéressant de noter que si le coût est un critère majeur pour certains patients, il perd en importance pour de nombreux autres, pour qui l’efficacité et la sécurité sont et resteront les principales préoccupations.
Quels sont vos espoirs pour ISO 22525 ?
Aujourd’hui, les normes sur le tourisme sont devenues de vrais outils qui aident les organismes à se positionner sur le marché, et cela vaut aussi pour le tourisme médical. Tout d’abord, notre ambition est qu’une fois achevée, ISO 22525 soit largement partagée et diffusée à tous les secteurs de la santé concernés dans le monde, qu’ils soient publics ou privés. Pour ma part, j’espère que cette norme sera la référence ultime dans le secteur du tourisme médical, et qu’elle sera adoptée par les établissements de santé et les centres privés les plus prestigieux du monde. Nous voulons que tous nos patients reçoivent les meilleurs traitements et obtiennent les meilleurs résultats possible, quelle que soit la destination choisie.
Enfin, je crois qu’il y a de nombreuses possibilités d’améliorer sa santé et de choisir ses soins médicaux, et aussi de nombreux médecins extraordinaires et pléthore de traitements innovants et de pointe dans le monde. Mon conseil est de toujours rechercher la meilleure solution médicale pour chaque cas, peu importe où elle se trouve.
Bien-être
Dans ce numéro sur le bien-être, vous trouverez de bons conseils santé, des explications quant à l’intérêt des normes relatives au sport et au vélo électrique, des articles sur les spas médicaux et la thalassothérapie, ainsi qu’une foule de renseignements sur l'extraordinaire dynamisme de l’industrie …